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31 mai 2014 6 31 /05 /mai /2014 07:49

L’augmentation des rejets de CO2 atmosphérique, qui est capté ensuite par les océans, provoque une acidification. J’ai déjà parlé de certaines conséquences de cette acidification sur des organismes marins (voir Changement climatique et protection des environnements marins ). Or, ce phénomène pourrait bien avoir un effet plus pervers sur la survie d’organismes marins en perturbant leurs sens. C’est ce que pensent les auteurs d’une publication parue en février dernier (1). Ils ont observé les conséquences d’une exposition à une concentration de CO2 élevée (telle qu’envisagée pour la fin du siècle) sur la capacité de demoiselles (Pomacentrus amboinensis) à identifier un prédateur ou à sentir sa présence.

 

Pomacentrus amboinensis La demoiselle en question (Source : Wikipedia)

 

Pour cela, ils ont effectué 2 expériences :

- test au laboratoire de la capacité de reconnaissance par des demoiselles juvéniles de l’odeur d’un prédateur en conditions de concentration naturelle ou élevée de CO2.

- test in vivo de survie de juvéniles conditionnés à une concentration élevée en CO2. Des demoiselles juvéniles sont placées quelques jours en aquarium à une concentration élevée de CO2 puis déposées sur le récif. Ces juvéniles sont extrêmement sédentaires et donc leur suivi est facile.


Dans les deux expériences, la concentration élevée en CO2 altère la capacité d’apprentissage des juvéniles : ils réagissent moins à l’odeur des prédateurs que les juvéniles non conditionnés. La seconde expérience montre qu’en milieu naturel, cette altération est fatale, causant une augmentation de la mortalité par prédation de 2,5 à 3 fois.

 

Les auteurs sont allés plus loin en testant l’effet d’un antagoniste du GABA qui est un neurotransmetteur inhibiteur important du cerveau des vertébrés. Lorsque l’antagoniste est délivré, les juvéniles conditionnés à concentration élevée en CO2 récupèrent presque complètement leur capacité d’apprentissage et de réaction aux signaux de prédateurs.

 

Ce type d’expérience a conduit aux mêmes conclusions dans le cadre d’une étude portant sur la relation proie-prédateur entre des mollusques (le GABA est également présent dans leur système nerveux) (2).

 

Il faut noter que les prédateurs également soumis aux mêmes concentrations élevées en CO2 n’ont pas montré de variation de comportement.

 

Une conséquence perverse de l’acidification des océans pourrait donc être une perte de jugement des proies en présence de leurs prédateurs, conduisant à une mortalité accrue, ce qui pourrait modifier la structure de la biodiversité des écosystèmes marins.

 

Nemo proie

 

(1) Chivers D. P. et al. Impaired learning of predators and lower prey survival under elevated CO2: a consequence of neurotransmitter interference. Glob. Chang. Biol. 2014

(2) Watson S. A. et al. Marine mollusc predator-escape behaviour altered by near-future carbon dioxide levels. Proc. Biol. Sci. 2014  
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commentaires

L
<br /> Ce sera bientôt le contraire, si le saumon est trop exploité il faudra le protéger un jour à son tour.<br />
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H
<br /> <br /> Pas de souci, il n'y en a déjà presque plus de sauvage mais on sait si bien le fabriquer à coup d'antibiotiques et d'autres produits très sains qu'on ne risque pas la pénurie<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Oui mais c'est beaucoup plus pratique pour mettre sur le barbecue après ou pour faire de sushis.<br />
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H
<br /> <br /> C'est ce que pensent les pêcheurs. Il vaut mieux le saumon : c'est plus toxique mais au moins, on protège le thon rouge du massacre.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> C'est le meme principe que le chriogenisation ? Un jour ça marchera. <br />
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H
<br /> <br /> A condition de le pas les vider avant congélation... Ca marche vachement moins bien après !<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Il faudrait donc conserver au frais quelques proies et prédateurs pour pouvoir en réintroduire en cas de manque.<br />
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H
<br /> <br /> Les japonais font des stocks de thon rouge. Je doute qu'après congélation les poissons soient capables de reprendre la mer...<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> A terme il y aurait donc plus de prédateurs que de proies et les prédateurs n'auraient dans un premier temps aucun effort à fournir pour se nourrir puis dans un deuxième temps plus rien à<br /> manger...<br />
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H
<br /> <br /> C'est le principe de l'histoire des lapins et des renards. Quand il y a plein de lapins, les renards mangent beaucoup (mais ne grossissent pas trop parce que le lapin est une viande plutôt<br /> maigre), tant, qu'il n'y a plus de lapin. Alors les renards crèvent de faim (et pas de maladies cardio-vasculaires à cause d'obésité). En principe, les lapins qui ont échappé au massacre peuvent<br /> alors se reproduire (comme des lapins) puisqu'il y a moins de renards, et redevenir nombreux. Alors les renards survivants peuvent recommencer les grosses bouffes de lapins etc. Sauf que si les<br /> proies sont assez perturbées pour ne plus être capables de se cacher, peu de chances qu'il y en aient assez qui puissent échapper à la razzia pour se reproduire ensuite. C'est là que ça sent le<br /> roussi pour les prédateurs aussi...<br /> <br /> <br /> <br />

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