Nous les croisons durant les paliers. Souvent de petite taille, translucides, mélangés aux particules planctoniques, il faut être attentif pour les observer et très délicat pour ne pas les détruire au moindre geste incontrôlé. Car ces étranges organismes pouvant évoquer des créatures de science-fiction sont extrêmement fragiles. La transparence de ces animaux, leur finesse et leurs mouvements parmi le plancton dont ils se nourrissent sont autant de difficultés pour obtenir des photos acceptables.
Un fin ruban transparent ondule sous la surface. La ceinture de Vénus, Cestus veneris, a de quoi interpeller le plongeur. Un animal, ça ? Où sont les organes ? Difficile de trouver des repères anatomiques classiques chez les Cténophores, ces organismes qui piègent leurs proies planctoniques à l’aide de cellules collantes et de mucus.
Les bordures du ruban portent des rangées de cils permettant la nage. Au centre, une sorte de fuseau plus dense est bien visible. C’est là que se situe la bouche et 2 fins tentacules qui piègent les proies et les conduisent jusqu’à l’orifice buccal.
La ceinture de Vénus peut mesurer jusqu’à 1,5 m pour une épaisseur d’1 cm et se rencontre dans les mers et océans tempérés et tropicaux.
Dans la catégorie « créature de science-fiction », Leucothea multicornis est bien placée. Ce Cténophore de 15 à 25 cm a la morphologie d’un ballon de rugby portant 2 paires de tentacules et 2 grands lobes.
Il pêche à la fois à la traîne avec ses tentacules munis de colloblastes (cellules collantes) et au filet grâce à ses 2 lobes enduits de mucus qu’il peut agiter pendant sa nage lente pour récolter un maximum de plancton.
L’animal est recouvert de papilles qui pourraient avoir un rôle sensoriel.
Comme les autres Cténophores, le corps est bordé de 8 rangées de peignes formés de cils vibratiles qui assurent la mobilité.
Autre organisme planctonique étrange, Forskalia edwardsii n’a pourtant rien à voir avec les 2 espèces précédentes. Ce Cnidaire, proche parent des méduses, est en fait une colonie pouvant mesurer plusieurs mètres de long. Chaque individu comporte des polypes spécialisés (reproduction, alimentation).
Comme pour les autres Cnidaires, qui s’y frotte s’y pique ! Ces colonies sont urticantes, donc il vaut mieux les laisser passer comme les autres méduses en évitant les filaments pêcheurs.
Cnidaires pêchant au harpon venimeux et Cténophores pêchant à la glu, Dame Nature a inventé 2 systèmes pour réaliser la même fonction chez des animaux partageant le même écosystème et se nourrissant d’organismes planctoniques. Bien que phylogénétiquement répartis dans 2 phyla, ils sont néanmoins apparentés dans la grande classification des êtres vivants. Quant au plongeur, à lui de savoir faire la différence entre celui qui pique et celui qui casse au moindre geste malheureux, tout en profitant de la grâce de ces curieux visiteurs pendant des paliers.