On laisse traîner vraiment n’importe quoi sous l’eau. Je doute que cet engin de terrassement ait été nettoyé afin d’éviter toute pollution locale. Cette pelle mécanique aurait été utilisée pour les travaux d’aménagement de l’émissaire évacuant les eaux sortant de la station d’épuration de Banyuls, selon ce qui est indiqué sur la page de Franck Gentili (link). Je ne sais pas si ces événements ont eu lieu avant la création de la réserve marine (1974) où se situe l’action.
Cela faisait des années que j’avais envie d’aller voir cette épave un peu insolite. François avait déjà repéré le site et comme il était motivé, il m’a emmené voir la bête.
Les récents travaux d’enrochement entre le labo et l’île Grosse (qui n’est plus une île depuis longtemps) ne facilitent plus la mise à l’eau. Il faut partir de plus loin sur la jetée. Ce jour-là, la mer est belle et l’opération n’est pas trop difficile.
Rapidement, nous descendons dans des failles bien colonisées.
L’ambiance doit être agréable en pleine saison.
François dirige les opérations et nous arrivons à un point de repère à partir duquel nous allons changer de trajectoire. C’est une grosse masse métallique qui doit être le reste d’une chaudière.
Il y aurait eu à cet endroit une épave ? Pas impossible vu les roches et la proximité du port de Banyuls. C’est un gros cylindre avec une excroissance. Sur une face, les tubulures sont bien concrétionnées mais néanmoins visibles.
Dans l’excroissance latérale, une petite ouverture laisse apercevoir le congre qui a élu domicile dans cet abri.
Nous laissons la chaudière pour suivre une isobathe afin de ne pas rater la pelle mécanique. La visi n’est pas excellente, l’eau est laiteuse et il serait facile de passer à côté. D’ailleurs, nous passons à côté avant de faire demi-tour, de prospecter à nouveau et de trouver la Chose. Elle se fond assez bien dans le paysage et vu de loin, on pourrait penser qu’elle fait un honorable rocher. Le bras est couché sur le côté droit. Il manque toujours une dent au godet.
Le poste de commande est méconnaissable.
La potence qui suspendait les câbles d’alimentation est toujours dressée.
Les chenilles se fondent progressivement dans la masse encroûtée.
L’incongruité de la Chose dans ce lieu disparaît lentement avec le temps. Comme toute épave, la pelle mécanique est absorbée, assimilée par son environnement.
Nous la quittons. Sur le retour, François déniche un poulpe qui essayait d’échapper à son regard aiguisé.
Nous finissons le retour en surface le long des rochers de l’île Grosse. La mer est calme, il fait beau, l’air est doux. La sortie n’est pas trop acrobatique.
C’était une belle promenade très peu profonde sur un site insolite que j’avais envie de découvrir depuis longtemps. Il faudrait y retourner durant l’arrière saison lorsqu’il n’y a plus beaucoup de touristes mais que l’eau claire et chaude est pleine de poissons.
Merci à François pour ses photos