Ayant l’opportunité d’aller dans la Belle Province, il était hors de question de ne pas en découvrir un maximum pendant le séjour. Bien entendu, « découvrir un maximum » inclut « aller voir comment c’est sous la surface des eaux ». Après quelques recherches documentaires avant le départ, j’ai pris contact avec Parcs Canada qui m’a redirigé vers la FQAS, logique. C’est Steve, directeur général de la fédé locale, qui m’a répondu et avec qui nous avons pu nous organiser courriel après courriel pour aller nous plonger dans le Saint Laurent aux Escoumins. Plonger dans un fleuve… Un fleuve ou plutôt un océan qui entre dans les terres ? Quelle est la salinité ? Comment sera le lestage ? La température est annoncée entre -1°C et +4°C et nous ne pouvons pas emporter tout l’équipement adapté. Pas de souci, le centre a tout ce qu’il faut, y compris des étanches en location. Ca se comprend…
Quelques semaines plus tard, nous arrivons aux Escoumins. Nous avons réservé une chambre au Gîte du Fleuve (link), excellente adresse (et petits-déjeuners ) située à proximité du Centre de Découverte du Monde Marin où se situe la base de plongée (link).
L’accès au centre (intéressante exposition sur l’écosystème du Saint Laurent) est gratuit, mais l’accès pour aller plonger et payant. C’est un peu étrange, mais vu sous l’angle d’un droit d’accès à la réserve naturelle, on comprend mieux. Ici, comme dans beaucoup d’endroits dans le monde, on paie pour se plonger dans le périmètre d’une réserve. Mais en conséquence, il y a des services pour le visiteur et pour la réserve. Ce principe ne semble pas encore avoir fait son chemin dans les consciences françaises… Trois mises à l’eau sont aménagées depuis la base :
(http://www.fqas.qc.ca)
Il est possible d’utiliser des brouettes pour transporter le matériel sur une partie du trajet.
Des bancs et un gros bac de rinçage sont installés devant le local. La vue sur le Saint Laurent montre que malgré la distance à l’intérieur du continent, la largeur est conséquente : environ 26 km.
Nous nous équipons tranquillement tandis que des plongeurs remontent avec un matériel photo impressionnant. Apparemment, dans le coin c’est courant, comme nous le verrons ensuite. Nous ne sommes venus qu’avec nos instruments, nos masques et un petit caisson photo. Le matériel de location comprend des étanches Bare et des slingshots. Quant à moi, je vais tester la plongée avec des moufles. Pardon, des mitaines ! Le plus inquiétant, c’est la cartouchière que l’on nous remet en guise de lestage :
Ici, on compte en livres. Et 2 livres, ça ne fait pas exactement un kilo. Etant donné que la salinité est moindre qu’en plein Atlantique (environ 26 g/l), que nos lestages en étanche sont habituellement réglés pour la Méditerranée avec des 12 L acier et qu’ici ce sont des 12 L alu, combien de plombs de 2 livres nous faut-il ??? La réponse est sur la photo : 34 lbs, soit 15 kg. Dans les faits, c’était un peu trop…
Malgré le silica gel et un conditionnement dans le bac de rinçage, le caisson à quand même eu un coup de fraîcheur et donc de buée. Certaines images ont donc un effet de flou artistique périphérique tout à fait voulu…
Dès les premiers mètres, c’est un paysage très différent de ce que nous avons déjà pu voir sous la surface. La roche est tapissée d’oursins verts et d’anémones plumeuses.
Ce n’est pas une impression, même s’ils ressemblent très fortement à ceux de chez nous, les oursins sont vraiment verts. Quant aux anémones plumeuses Metridium senile, l’aspect soyeux laissant penser à un doux plumeau ne doit pas faire oublier que les anémones pêchent au harpon venimeux, même si le plongeur n’a rien à craindre de celle-ci.
Entre les bouquets d’anémones plumeuses vivent d’autres grosses anémones plus colorées. Le nom d’anémone rouge du nord (Urticina felina) n’est peut-être pas le meilleur en raison de la diversité des colorations.
L’étoile de mer rouge que nous croisons tout le temps chez nous a ici une variante : l’étoile de mer rouge sang Henricia sanguinolenta. Et bien sûr, le nom est à nouveau imparfaitement descriptif :
Lorsque nous voyons une étoile de mer glacière en Méditerranée, on se demande pourquoi ce nom, ou pourquoi elle se trouve là loin des pôles. Le Saint Laurent abrite aussi une étoile de mer polaire, Leptasterias polaris. Ca semble plus normal.
Il y a 2 autres espèces d’étoiles de mer, de belles dimensions, aux aspects bien différents qui portent le doux nom de soleil de mer. Le soleil de mer pourpre Solaster endeca :
Et le soleil de mer épineux Crossaster papposus :
Les individus de ces 2 espèces ont un nombre de bras variable, mais assez pour faire comprendre leur nom de soleil de mer. Si l’un est plus épineux que l’autre, ils font tous les deux jusqu’à 40 cm de diamètre. Comme les étoiles de mer polaire et rouge-sang, les colorations sont variables.
Dans cette ambiance un peu verte, mais avec une visi très correcte, nous découvrons des fonds rocheux couverts d’une diversité colorée et exotique pour nous, grâce à cette température fraîche. Certains animaux nous rappellent très clairement des homologues méditerranéens, mais ils ont une typicité intéressante.