L’an dernier, un syngnathe a passé une partie de la saison dans une petite faille à la Moulade. Lorsque ces animaux se plaisent là où ils sont, ils y restent sans trop bouger. C’est très pratique pour les retrouver car ils sont assez doués pour le camouflage. Cette année, sur le même site, de retour du coralligène, je suis tombé sur un petit individu au motif à rayures assez équilibré : les marques claires étaient à peu près équivalentes aux marques sombres.
Le lendemain, un syngnathe avait été observé à quelques dizaines de mètres de là, entre des patates de coralligène. Tout le jeu était donc de le retrouver et c’est ce que nous avons fait quelques jours plus tard. Alors que nous cherchions autour du repère astucieusement déposé précédemment, ce n’est pas un, mais 2 syngnathes que nous avons vus.
Le premier, de teinte générale foncée ressemblant au précédent, avait les rayures sombres beaucoup plus larges que les rayures claires.
L’autre avait un patron opposé : de teinte générale claire, les rayures sombres étaient fines, chacune suivie d’une aussi fine rayure blanche
Ce sont donc probablement 3 individus que nous avons vus. Tous les 3 étaient dans des zones sur lesquelles nous portons habituellement peu d’attention : graviers, fonds vaseux, roches plates. C’est une mauvaise habitude.
Classés dans les « formes bizarres », à proximité des hippocampes, les syngnathes partagent avec eux de nombreuses caractéristiques : même forme de mâchoire, même technique de chasse à l’affût, un mimétisme développé, même régime alimentaire, incubation des œufs dans la poche du mâle et une aptitude à faire tourner en bourrique ceux qui essaient de comprendre comment distinguer nettement et sans bavure les différentes espèces sur nos côtes.
J’avais déjà relevé ce point au sujet des hippocampes (voir Hippocampes, le retour ? ).
La situation est comparable dans le cas des syngnathes.
Comment différencier sans ambiguïté un Syngnathus acus (aiguille de mer) d’un Syngnathus tenuirostris (syngnathe à museau long) ? Le seul critère que j’ai trouvé, c’est le fameux rapport longueur/largeur du museau, comme pour les hippocampes. Mais comment se satisfaire de ce critère sans indication précise des points entre lesquels effectuer les mesures ?
Dans les cas présentés ici, les rapports ont tous été compris entre 7 et 9 selon les images et les objets photographiés. N’ayant pas d’autres critères distinctifs valables, j’opte donc pour des représentants de l’espèce S. tenuirostris.