J’ai souvent entendu des plongeurs raconter leurs rencontres subaquatiques en des termes plutôt imagés comme « ce homard, je l’aurais bien vu dans mon assiette » ou « un HLM à langoustes ! Il ne manquait plus que la mayonnaise ! » Il existe aussi des plongeurs très gourmands qui imaginent des recettes pour à peu près tout ce qu’ils rencontrent sous l’eau, sauf peut-être les nudibranches, et encore… La cuisine est liée à la plongée, mais pas seulement sous cet angle.
Lors de la visite des épaves encore bien conservées de la région, on peut trouver, non seulement des aliments potentiels (loups, rascasses, congres, poulpes…), mais aussi les vestiges de l’équipement pour les travailler. On peut essayer de se représenter ce qu’était la cuisine dans ces navires.
A bord du Saumur, un réduit très étroit contenait les fourneaux et un évier. Le cuisinier ne pouvait pas être obèse sous peine de ne pas pouvoir se retourner entre les fourneaux et la cloison…
A bord de l’Astrée, la pièce était plus carrée et donc peut-être un peu plus pratique à utiliser. Comme sur le Saumur, la cuisine était contre le passage de la cheminée.
C’est à bord de l’Alice Robert que l’on trouve les plus gros fourneaux et la pièce la plus grande. Durant sa carrière de bananier, il y avait à bord une trentaine de personnes en incluant quelques passagers dont il fallait s’occuper comme s’ils étaient sur un paquebot et non un cargo. Après sa transformation en navire de guerre, l’équipage a augmenté jusqu’à un peu plus de 200 personnes. Même en effectuant plusieurs services selon l’organisation de la vie du bâtiment de guerre, il fallait probablement servir à chaque tour 5 à 6 fois plus de repas que sur un cargo comme le Saumur ou l’Astrée. Avoir une cuisine plus grande équipée de plus de matériel était certainement une nécessité. Néanmoins, au vu des vestiges visibles, cela devait tenir de la prouesse…
Il arrive de trouver sur ou dans les fourneaux de ces 3 épaves des animaux qui n’ont pas conscience de l’endroit où ils se posent. Congres, poulpes et rascasses n’imaginent sûrement pas ce qu’un plongeur gourmand gastronome peut penser lors de son passage dans cet endroit très symbolique et évocateur de la vie humaine.