Enfin seuls ! Ou presque. Les sangliers sont partis, l’épave retrouve le calme un temps perturbé par l’agitation du troupeau.
En attendant que la vase retombe dans les coursives, nous jetons un œil dans la salle des machines.
D’année en année, l’ouverture s’élargit à mesure que les pans de tôle rouillée tombent en morceaux.
Néanmoins, très rapidement, l’obscurité règne sur les vannes et tuyauteries.
Au-dessus, l’ambiance est encore un peu fantomatique dans la coursive bâbord.
Ça s’éclaircit en remontant vers les claires-voies surplombant la machinerie.
En bonne partie, les panneaux d’ouverture et des petits hublots encroûtés sont en bon état après plus de 60 ans au fond et des milliers de visites de plongeurs peu délicats.
A côté, le bossoir restant sur bâbord, bien qu’ayant un air très penché, est encore en place.
De l’autre côté des claires-voies, les 2 bossoirs sur tribord sont, eux, encore en position normale.
Un cerclage vide rappelle qu’il y avait peut-être à cet endroit une citerne. A côté, la large ouverture circulaire marque l’emplacement de la cheminée.
Dans ce gros cylindre, la tuyauterie a cassé il y a seulement quelques années, prenant ainsi cette inclinaison.
A l’avant de la cheminée, la structure s’effondre. La face avant du château doit être plus fragile par son exposition et les conséquences du torpillage.
Dans les coursives, la touille semble s’être déposée. Il y a les accès latéraux, portes ouvertes vers des pièces désormais sans toit, mais aussi des accès aux niveaux inférieurs, s’ouvrant sur l’obscurité.
Nous resterons dans le niveau ajouré. C’est plus sage, d’autant plus que le temps passe et que l’ordi annonce déjà… Un certain temps…
Les nuées d’anthias peuplent ces espaces quadrillés par des montants corrodés. Dans leur grande majorité, les cloisons ont disparu.
L’ambiance est un peu mystérieuse. A part les poissons, personne d’autre n’est visible dans les environs. Nous sommes vraiment dans le calme d’un navire englouti plus d’un demi-siècle auparavant et qui nous fait partager ce jour-là son âme d’épave.
Lorsque nous ressortons par le dessus, les sars tambours et les dentis sont revenus tourner sur l’épave.
Il nous faut remonter. Un dernier regard pour fixer une dernière image d’ensemble et c’est la lente ascension. Vu depuis le bout, on prend la mesure des dimensions de la partie centrale du navire, pièces de vie et machinerie.
Peu à peu, l’image s’estompe, mais le souvenir reste. Les sangliers avaient débarqué un peu avant nous. Heureusement, ils sont repartis assez rapidement, nous rendant l’épave et ses ambiances très prenantes libérées de l’agitation de la foule un matin de chassé-croisé estival sur la côte catalane…